Explosion des inégalités d’accès aux soins
La Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux de proximité dénonce la désertification médicale des territoires. De plus en plus de départements réclament « une véritable égalité d’accès aux soins » privés de moyens dues aux économies budgétaires.
Bon nombre de postes hospitaliers restent vacants
Les regroupements et fermetures de services essentiels comme les urgences, maternité, blocs mettent à mal l’accès aux soins des Français ruraux. Et les politiques publiques successives y sont pour quelque chose : l’enquête les pointe du doigt concernant la concentration forcée « pour faire des économies » et la pénurie sciemment organisée de médecins libéraux.
Lors d’un point presse, la présidente de la Coordination Hélène DERRIEN a déploré que les dernières présidences ont « détruit le maillage territorial » en matière de santé. Aux quatre coins de la France, il manque des médecins : 20 à 30% des postes en hôpitaux sont vacants, tandis qu’un tiers des médecins généralistes ont plus de 60 ans et ne trouvent aucun remplaçant. La présidente de la Coordination a rappelé que plus de 30% des Français « renoncent à des soins ».
Selon le dernier avis du Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM), un retour à la proximité doit absolument être entrepris. Les hôpitaux français ne pourront plus supporter longtemps l’épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Le Haut conseil, dans un communiqué, préconise la construction de 600 établissements de santé communautaires, centrés sur des « missions de médecine polyvalentes ». Les termes employés ont irrité Hélène DERRIEN : « notre définition des hôpitaux de proximité, c’est une maternité, un bloc opératoire et un service d’urgences avec un SMUR » sinon le projet du Haut conseil sera de construire des « coquilles vides ». Les inégalités risquent encore de s’aggraver, et des dissensions entre métropoles pourraient voir le jour. De plus, « les grandes villes, même paris » sont aujourd’hui impactées par la pénurie de médecins.
Le principe de liberté d’installation des médecins remis en cause
« J'ai déjà 68 ans et je ne trouve pas de successeur », a témoigné Patrick LAINE, médecin généraliste à Saulnot (Haute-Saône). Ses recherches sont restées vaines et il a déjà essayé, sans succès, de transmettre gratuitement sa patientèle et son matériel médical via une annonce sur Internet. Les jeunes générations semblent éviter les zones trop éloignées de grands centres villes.
La Coordination semble avoir trouvé un moyen définitif pour rappeler les jeunes à leur devoir : suspendre leur liberté d’installation puisqu’aujourd’hui, kinésithérapeutes, pharmaciens, infirmiers sont tous régulés mais pas les médecins ». Hélène DERRIEN propose un plan interventionniste appelé « service sanitaire » d’un nouveau genre. Les étudiants en médecine, une fois diplômés, devront s’engager à exercer, à l’instar des contrats de l’Armée, « quelques années, par exemple 3 à 5 ans » dans des territoires reculés.
Les associations hospitalières adhérentes à la Coordination souhaitent aussi « revoir le numerus clausus », « refonder les études médicales » et « développer des centres publics de santé » liés avec les médecins libéraux. Lors d’un débat, elles ont dénoncé les Agences régionales de santé (ARS) de « transformer de plus en plus de petits services d’urgences en centres de soins non programmés » sans obligation d’être ouverts 24h/24 ni d’avoir un « plateau technique d’appui » et même un urgentiste qualifié sur place en permanence.
La Coordination dénonce par ailleurs un nouveau décret publié en juin 2018 qui modifie l’effectif médical minimum des urgences, menaçant donc « directement » les petits centres hospitaliers. Si leur personnel venait à être insuffisant, les patients « s’en détourneraient » et se déporteraient sur les médecins libéraux, déjà surbookés.